Fonctionner en autonomie

Philippe Poirier, éleveur et céréalier : « Je me sers du fumier des chèvres pour nourrir mes terres et des terres pour nourrir mes chèvres ». 

L’éleveur de 600 chèvres alpines est installé à Couffy, sur la zone de l’AOP Selles-sur-cher. Il produit 500 fromages par jour sur place et vend les deux tiers de son lait à une laiterie. Le cahier des charges de l’AOP impose aux éleveurs de nourrir leurs animaux avec une alimentation essentiellement locale. Une contrainte ? « Au contraire, c’est bien plus intéressant de produire sa propre nourriture », explique Philippe Poirier.
L’agriculteur cultive des céréales, des légumineuses et beaucoup d’herbes. Féverole, petits pois, avoine, orge, blé, foin, maïs, luzerne, trèfle… Il concocte un mélange équilibré en protéines et en énergie pour ses chèvres. « C’est un peu riche en amidon donc j’ajuste avec de la pulpe de betterave déshydratée et de la luzerne », précise-t-il. « L’objectif est d’être autonome dans l’alimentation des chèvres (il l’est à 80 %) et des vaches (100 %) ». Le GAEC compte, en effet, également une trentaine de vaches parthenaises. Être autonome, c’est produire des céréales moins chères. Le système de rotation des cultures permet de consommer peu, voire pas, d’intrants. Le GAEC (trois salariés et quatre associés : Philippe Poirier, sa femme Corinne, leur fils Antoine et Renaud Cherouvrier) a plusieurs particularités. D’abord, la ferme produit du colza, transformé en tourteau et en huile. « Nous avons créé un GIE qui regroupe une trentaine de producteurs. Nous vendons le tourteau aux éleveurs de la zone d’AOP et nous vendons l’huile. » Avec 200 hectares de colza, le groupement produit 400 tonnes de tourteau et 200 d’huile. 

Rendements en baisse

Philippe Poirier souligne qu’il fait face à de grosses difficultés depuis deux ou trois ans à cause de la sécheresse d’automne : il n’a planté que 10 hectares de colza cette année contre 20 habituellement. « Les rendements sont à la baisse à cause de la météo. » Autre particularité du GAEC, la vente d’une partie des fromages de chèvre à un GIE. « On commercialise à plusieurs. Le GIE vend les cinq appellations de la région Centre Val de Loire. » Concrètement, un camion collecte les fromages dans les fermes, les regroupe chez un transporteur national. Ils sont alors expédiés chez des grossistes qui les dispatchent dans les grandes villes de France. « Le GIE vend à des endroits où on ne peut pas aller. Il diversifie les ventes et mutualise d’éventuelles pertes. » Un modèle intéressant pour les agriculteurs : « Nous étions cinq producteurs à la création du GIE en 1996. Nous sommes vingt aujourd’hui. »

Vente à la ferme du lundi au samedi : 7 h-12 h et 17 h-19 h
Tél. 02 54 75 80 48 – ph.c.poirier@remove-this.orange.fr

Texte : Julie Bind – Photos : Cyril Ananiguian